Tenir son récit, c’est pouvoir résumer son essence en une seule phrase. Maîtriser le thème de son histoire (exemple, la trahison), c’est connaître sa destination (nous devons nous unir pour vaincre), maintenant il va falloir y aller, l’écrire.
Mais par où commencer sa scène ?
Évitons de perdre du temps sur le futile et attardons-nous sur l’important. Laissons respirer les grands moments. Démarrons surtout notre première scène à la rupture de l’équilibre, du statu quo, au moment où cette nouvelle force entre dans le récit pour rendre évident ce qui ne peut plus rester caché. Cet appel de l’aventure, cet incident déclencheur, qui poussera le héros à casser ses habitudes, à rejeter son arsenal de béquilles mentales et de dépendance pour accepter — malgré ses réticences — les risques incontournables qui lui donneront enfin l’équilibre nécessaire à sa vie.
Nous devons, pour accentuer le caractère dramatique de l’événement (menace, défi lancé, projet contrarié, problème posé, survenance d’un mystère), maîtriser l’arsenal stylistique. Respecter la chronologie (montée en puissance, dévoilement progressif). Employer le point de vue du protagoniste (l’accident s’incarnant dans un personnage en danger [moral, psychologique ou physique] encourage la production d’un suspense, car il facilite l’identification d’un pathos par compassion, décuplé si la victime nous est sympathique). Montrer l’action dans sa description concrète et en mouvement (les gestes, le décor, utiliser les cinq sens). Choisir le style direct, user du passé simple, rendre un discours oralisé expressif en phase avec le registre des émotions. Étirer le temps (jouer avec, repousser l’inéluctable, dilater l’action).